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À la une 28 avril 2020

Covid-19 : La ré-appropriation du littoral vue par les acteurs économiques locaux

Plages françaises fermées après le confinement : les premiers touchés s’interrogent. 

Il est aujourd’hui impossible de penser au printemps et à l’été 2020 sans avoir le virus Covid-19 en tête. Les mois de mars et d’avril sont synonymes de confinement et l’intégralité de la population française doit respecter des règles strictes. Ces règles, mises en place dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, permettent de contenir l’épidémie et de sauver des vies. 

Cependant, de nombreuses questions se soulèvent concernant l’ « après ». Il est fort probable que le dé-confinement s’opère en plusieurs phases et soit progressif. Dans tous les cas, le quotidien ne redeviendra pas immédiatement « comme avant ». 

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La plage de Sète, image via Wikipedia

Qu’en est-il alors des plages et du surf ? Alors que l’on vient d’apprendre que les plages ne seront pas accessibles avant le 2 juin 2020, nous avons interrogé pour vous, surfeurs professionnels, gérants d’écoles de surf, professionnels de la glisse, ils sont plusieurs à ne pas comprendre pourquoi leur activité sportive et économique ne peut pas faire partie de la liste des motifs d’attestation dérogatoire. Nous leur donnons la parole aujourd’hui. 

Le contexte : les plages fermées

Confinement oblige, les règles sont strictes et les plages : fermées, la sécurité : renforcée. En effet, cette règle part d’un constat simple : si les plages demeuraient ouvertes, la population s’y rendrait massivement et les règles de distanciation ne seraient pas respectées.

De plus, une source gouvernementale a annoncé sur France Info que malgré la fin du confinement prévue le 11 mai, les plages pourraient ne réouvrir qu’à partir de mi-juin.

Or, les plages et l’océan sont le lieu d’activité physique notamment : le surf. De nombreux surfeurs surpris dans l’eau ont dû payer une amende de 135€.  

Découvrez en vidéo l’interview de Julien Martel, surfeur et gérant du site web Akewatu :

Une pétition pour la réouverture 

Dans certains pays, les plages sont ouvertes, mais leur accès est réglementé. C’est le cas par exemple en Angleterre, en Australie et à Hawaï. C’est dans ce contexte que la voix de l’adjoint au maire de Biarritz, le médecin Guillaume Barucq, s’élève. Une pétition militant pour la « réouverture de plages en zone non urbaine pour les surfeurs locaux avec une autorisation » est en ligne.

Lors de leur pratique, les surfeurs ne sont jamais à moins d’un mètre cinquante les uns des autres de façon naturelle, la distanciation physique fait partie intégrante du surf. L’activité est ainsi essentielle à de nombreux sportifs, qu’ils soient professionnels ou non, tant au niveau de leur santé physique que mentale. 

Selon Guillaume Barucq, il est réalisable de mettre en place des dispositifs pour l’été, il suffit seulement de s’y prendre le plus tôt possible. Biarritz n’est pas la seule ville de l’hexagone à se nourrir du tourisme et de l’économie de l’océan. Pour l’adjoint au maire, une « organisation stricte » est indispensable, il faut soit ré-ouvrir toutes les plages, soit aucune. 

Mais ré-ouvrir les plages serait envisageable en imaginant des règles telles qu’ « une baignade par semaine, par personne, à tour de rôle, ou limitée à 30 minutes ; pas d’installation avec des parasols, des jeux ; des sessions surf, encadrées et surveillées par les écoles et les clubs, par exemple. […] Finalement on en viendrait à un « slow tourisme », un tourisme raisonné, avec moins de monde. Cela passerait aussi par la limitation des locations touristiques. »

Surf Session : Interview de Guillaume Barucq

De plus, suite à l’annonce du gouvernement le mardi 28 avril ; les plages ne réouvriront pas avant le 1er juin. La pétition a donc été élargie à toute activité sportive pouvant prendre place sur la plage.

Et les locaux ? 

Les réactions vis à vis de cette situation et de la prise de parole de l’adjoint au maire sont nombreuses. 

« Il a dit tout haut ce que les passionnés pensent tout bas. La plage ici ce n’est pas forcément un lieu où l’on s’installe. C’est même rare en dehors de la période estivale de voir des gens bronzer. »

Thomas Joncour, surfeur, moniteur et co-gérant du 29 HOOD surf club – découvrez l’intégralité de son témoignage

Les témoignages des surfeurs et acteurs de leur économie locale se rejoignent pour démontrer que c’est une activité sportive autant valable qu’une autre, et l’importance pour eux d’un retour sur le littoral maitrisé.

« On a tous envie de retrouver nos libertés. Mais cela va nécessiter plus d’entraide et moins d’individualisme, de l’anticipation mais aussi de l’innovation. »

Nous raconte Sébastien Druot, Surfeur, Musicien, gérant de l’école CapFerret Surf School – Découvrez son interview ici

Découvrez en vidéo l’interview de Serge Ballorca, gérant de la boutique Le Wharf à Seignosse :

« La pratique du surf ne me semble pas moins risquée que prendre les transports en commun, aller travailler ou à l’école et on va pas se mentir, les gens vont reprendre une vie « sociale » voir leurs familles et amis etc. Donc aller pratiquer un sport individuel sans contact en milieu naturel, la question ne pose même pas. »

Mathieu Desaphie, surfeur et créateur de la marque SEN NO SEN – découvrez l’intégralité de son témoignage

Comment la situation va-t-elle évoluer ? Les surfeurs et la mairie de Biarritz vont-ils avoir gain de cause ? Les plages de l’hexagone seront-elles ouvertes et réglementées cet été ? 

Découvrez en vidéo l’interview de Pierre Frechou, surfeur et caméraman réalisateur :

« J’espère pouvoir relancer mon activité, adaptée s’il le faut, pouvoir reprendre l’enseignement des cours de surf en protégeant un maximum tous mes élèves. Le manque se fait sentir pour tous et cela risque d’être compliqué au spot les premières semaines avec tout la communauté de l’océan, frustrée par ce confinement. »

Julien Miremont, créateur de l’école de surf Taie fa’ahe’e à Tahiti – découvrez l’intégralité de son témoignage

Retrouvez les témoignages recueillis par Mer & Océan dans le dossier spécial « La ré-appropriation du littoral vue par les acteurs économiques locaux » et l’interview de France Inter sur le sujet.

Aurore Mailhes