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Lifestyle 30 avril 2020

Covid-19 : La ré-appropriation du littoral vue par Sébastien Druot

[Interview]

Sébastien Druot a accepté de répondre à nos questions.

Dans la continuité de notre dossier spécial sur la ré-appropriation du littoral vue par les acteurs économiques locaux, découvrez l’interview de Sébastien Druot :

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Sebastien Druot, championnat de France Master 2019
  • Bonjour, peux-tu te présenter rapidement, toi et ton activité ? Où es-tu pour le confinement ?

 » Oui comme tout le monde je suis confiné chez moi, je n’ai pas été dans l’eau depuis fin février. J’ai 47 ans je surfe depuis 1986, j’enseigne la pratique du surf depuis 1996 pour tous les niveaux. J’ai travaillé en club comme moniteur et formateur. Je gère ma propre école de surf CAP FERRET SURF SCHOOL depuis 2005. Je suis agent commercial pour la marque de textile eco-responsable DEDICATED.

Quand j’étais jeune le surf était perçu comme un nouveau sport extrême avec une image marginale. En gros si tu passais trop de temps à surfer, tu étais perçu comme un « looser » ou quelqu’un qui ne réussirait jamais dans la vie. Ma passion j’en ai fait mon boulot. Depuis les choses ont changé, on parle d’industrie du surf depuis les années 2000 et on enseigne cette discipline à l’année, on entraine de futurs champions. Le surf, très en vogue pour les vacanciers l’été, a un gros impact en terme de valeur ajoutée pour le tourisme. Comme beaucoup de sport de pleine nature, c’est aussi un art de vivre et j’ai du respect pour tous les surfeurs qu’ils soient débutants ou professionnels. »

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© Cap Ferret Surf School
  • Que fais tu pour compenser ?

« Comme beaucoup de français je pratique le télétravail. Je fais un peu de préparation physique, et j’essaie de limiter mon apport alimentaire, qui est à 90% végétarien. Au début on en profite pour faire des choses constamment reportées, comme des petits travaux d’entretien, du jardinage… mais aussi des activités de détente comme la musique et la lecture. »

  • Comment se passe le confinement ? Comment a-t-il impacté ton quotidien ? 

« Le but c’est de garder un rythme quotidien, des horaires fixes et s’informer avec parcimonie, ne pas croire tout ce qui est raconté. Il faut penser par soi même et surtout ne pas sombrer dans la bêtise et la haine que l’on peut observer sur les réseaux sociaux. Toujours positif, c’est la règle en fait. »

  • Comment imagines-tu la sortie ?

« Il faut que l’on continue de rester prudent, d’être responsable dans ses actes et de ne pas oublier les victimes, la souffrance des soignés et le dur labeur du service hospitalier. Après je trouve que beaucoup de personnes en général sont trop dans l’attente. On a tous envie de retrouver nos libertés. Mais cela va nécessiter plus d’entraide et moins d’individualisme, de l’anticipation mais aussi de l’innovation. Il va bien falloir que l’on sorte et que l’on combatte le virus tout en étant libre et vivant.« 

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CapFerretSurfSchool, plage du Truc Vert au Cap Ferret
  • Une fréquentation responsable des plages est-elle possible ?

« Oui bien entendu la volonté ne tient qu’à nous, et il est très simple de garder ses distances sur la plage, encore plus facilement que dans un supermarché. Je ne comprends pas pourquoi on peut faire du jogging en ville, se promener dans des lieux publics et ne pas pouvoir faire la même chose à l’océan. Je pense que si au début du confinement, il n’y avait pas eu cette superbe météo on n’en serait pas là. Ces derniers jours il pleut, il y a du vent et je vois mal les gens se regrouper sur les plages. Évidemment en France en fonction des régions, la configuration de la côte est différente en taille et accessibilité. C’est aux élus locaux de s’organiser en partenariat avec les différents organismes et entreprises. La fermeture des plages est perçue comme une très dure sanction pour toute la communauté des surfeurs. Personnellement je trouve ça stupide, et je n’ai pas l’impression de soutenir un quelconque combat contre le COVID-19 en ayant stoppé le surf depuis le début du confinement. »

  • Que penses-tu de l’interview de Guillaume Barucq ?

« C’est bien, ce sont de bons arguments, mais je souhaiterais insister sur le fait que chaque région sur le littoral a ses propres contraintes en terme d’accessibilité et d’espace. Donc c’est à chaque élu de se mobiliser en étroite collaboration avec les acteurs locaux. En ce qui concerne les défenses immunitaires et les bienfaits du milieu marin, je ne peux pas juger, je n’en ai pas les compétences, mais pratiquer le sport en plein air est plutôt bon pour la santé. On peut observer que dans le milieu médical, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, c’est pas gagné. »

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© Cap Ferret Surf School
  • Souhaites-tu réagir sur un sujet en particulier ?

« En France le surfeur est trop associé au plagiste qui vient prendre du bon temps sur le domaine publique maritime. Le milieu du surf c’est tout un bassin d’emploi, des professionnels qui embauchent et qui font vivre les commerces, des sportifs de haut niveau, des services médicaux, des calendriers de compétition, la chance pour des jeunes de pouvoir s’exprimer dans un sport de pleine nature… et surtout ce que l’on oublie trop souvent : les surfeurs sont aussi les gardiens des côtes et les premiers à intervenir en cas d’accident. »

  • Y-a-t-il tout de même des points positifs à souligner ?

« On peut dire que le confinement nous permet de prendre conscience qu’il y a quelque chose qui cloche, on ne peut plus produire plus, pour détruire plus, pour polluer plus… La délocalisation pour faire baisser les prix n’a plus de sens. La baisse de la pollution, même temporaire ne peut être que quelque chose de très positif. On vit dans un beau pays, soyons forts ! »