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Un lion de mer cartographie les fronts océanique, image via Unsplash

Insolite 4 janvier 2020

Un éléphant de mer cartographie les fronts océaniques

Saviez-vous qu’il existe un point commun entre un éléphant de mer et un satellite ? L’un comme l’autre peuvent détecter ce qui se passe dans les fonds marins.

Une équipe composée de chercheurs français et américains s’est servie des données recueillies par ce mammifère marin pour prouver l’existence de fronts océaniques de fine échelle, c’est à dire d »une largeur inférieure à 20 kilomètres, lesquels pourraient nuire à la capacité d’absorption de la chaleur atmosphérique par l’océan.

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Vue en 3 D des mesures des fronts océaniques, © Futura-sciences.

Le postulat des scientifiques repose sur l’hypothèse que les fronts océaniques agissent sur le climat pour contrôler les échanges qui s’effectuent entre l’atmosphère et l’océan, en termes d’énergie, de chaleur et de carbone. Il existe peu de moyens d’observer ces faits à cause de la petitesse des structures fines et de leur rapide transformation. C’est là un des défis auquel doit faire face l’océanographie contemporaine.

L’éléphant de mer, en tant qu’instrument de mesure des océans
Pour relever ce challenge, les chercheurs ont donc combiné les données des satellites à résolution modérée procurées par la NASA, avec celles à haute résolution, fournies par un éléphant de mer, évoluant dans le courant circumpolaire antarctique. Pourquoi utiliser le phoque ? Parce qu’il plonge 80 fois par jour de 500 mètres à 1 000 mètres de profondeur et qu’il effectue 5 000 kilomètres de distance par trimestre. Muni de capteurs qui enregistrent la pression, la salinité et la température de l’océan, le mammifère transmet de précieuses informations quant à la densité de l’océan à haute résolution. La réunion de toutes ces indications ont permis d’élaborer une vue synoptique en trois dimensions de la dynamique de l’océan dans les 500 premiers mètres.

Quelles ont été les découvertes ?

L’éléphant de mer est une mine de renseignements, © Rivages

Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue « Nature Geoscience ». C’est ainsi qu’on apprend que les chercheurs ont pu établir que les fronts de fine échelle étaient la conséquence de l’interaction des phénomènes cycloniques et anticycloniques. Les scientifiques se sont également rendu compte que les fronts étaient par ailleurs accompagnés de vitesses verticales pouvant s’élever à 100 mètres/jour. Ils ont enfin constaté la production localisée d’importants flux de chaleur orientés vers la surface. Résultat étonnant puisqu’il contredit le fait que plus profonds sont les fonds marins, plus ils sont froids.

Autrement dit, les données suggèrent que les flots océaniques peuvent capter moins de chaleur que ce qui est généralement admis. Cela permet de mesurer le fonctionnement de l’importante source de chaleur que constituent les océans et de prévoir ainsi les conséquences sur l’atmosphère, à la lumière du réchauffement climatique.

Ed. W.