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Marc Thiercelin a partagé le quotidien, durant plusieurs jours, avec vingt peuples vivant de la mer / Photo Arte

Insolite 19 octobre 2018

Marc Thiercelin. « On se rend compte que l’on vit dans l’accessoire. »

[interview]

Le navigateur aux quatre Vendée Globe Challenge est au coeur d'une série documentaire pour Arte. Chaque jour à 17h35, il part "A la rencontre des peuples des mers"

Jusqu’au 26 octobre, Arte diffuse, chaque jour, à 17h35, une série documentaire avec le navigateur Marc Thiercelin. « A la rencontre des peuples des mers » est une odyssée faite de 20 découvertes humaines, géographiques, sociétales, environnementales. Le marin aux quatre Vendée Globe Challenge en est le médiateur entre les personnages filmés et le téléspectateur. Il a rencontré 20 peuples autour de la terre: Mauritanie, Birmanie, Inde, Tanzanie, Madagascar, Thaïlande, Panama… Un film produit par Découpages.

Que retenez-vous de ce tournage, et, au-delà, de cette expérience?

J’aime la dimension humaine de ce tournage. Quand on revient en France, on est encore plus conscient que nous avons tout. Eux ont moins et sont heureux. La répétition de ces situations de vie très simple a été une leçon de vie. Il n’a pas été évident au début de passer d’un monde de richesses et de haute technologie au dénuement. Je suis en recherche de sponsors pour des bateaux qui volent alors que les gens que j’ai rencontrés vivent avec 1 dollar par jour. Leur principale quête dans la journée c’est de nourrir et de vivre en harmonie avec la mer. On se rend compte que l’on vit dans l’accessoire.

Aviez-vous, avant le tournage, des a priori tombés lors de la rencontre avec ces peuples?

Oui. J’avais un peu peur de l’Inde car, au-delà de la carte postale, je craignais qu’il y ait trop de monde. Or, le personnage que j’y ai rencontré est, finalement, celui qui m’a le plus bluffé. Il reste d’une droiture indéfectible, toujours nickel malgré la saleté et fier.

Dans leur rapport avec la mer, qu’est-ce qui vous a marqué chez ces différents peuples?

Ils pêchent avec différentes techniques, ils ont tous filets ou des lignes, pêchent souvent à l’épervier. Finalement, c’est ce que l’on retrouve en Bretagne. Ils ne le savent pas mais tout autour de la planète on pêche plus ou moins pareil. J’ai constaté aussi qu’ils ont, comme nous, des croyances sur la mer. Comme chez nous ,on retrouve de la peur physique, de la fantasmagorie, l’inquiétude des tempêtes, la crainte des profondeurs. Ainsi, dans chaque numéro, on trouve un volet sur les croyances liées à la mer.

Avez-vous découvert une technique de navigation que vous ignoriez?

Non mais je me suis replongé dans la navigation à l’ancienne, sans électronique. Ils savent repérer des bancs de poissons sans outil, c’est surprenant. J’ai vu des astuces lié au fait qu’ils n’ont pas de pièces en inox. Ils travaillent avec des liane ou autre et cela fonctionne. Ce qui était marrant c’est de retrouver la voile des origines. Pour moi, c’est un clin d’oeil à ma jeunesse parce que je suis d’une génération qui a appris à naviguer au sextant. Les jeunes seraient étonnés!

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Avec les peuples des quatre bouts du monde, le navigateur a retrouvé les sensations de la navigation ancestrale / Photo Découpage

Sur quelle mer du globe préférez-vous naviguer?

J’ai voyagé… mais je me rends compte que je suis un enfant de l’Atlantique. A travers ce tournage j’ai découvert l’Asie. Une très belle découverte. J’ai été surpris par la Birmanie, un territoire avec très peu d’étrangers, des plages incroyables inaccessibles par la terre et très peu touristiques.

Aujourd’hui, quel est votre quotidien?

Je bosse sur un trimaran ultime. Je travaille à trouver des fonds. Et je suis sur un projet innovant que je peaufine pour le moment.

Gaëlle Richard