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© 2021 - Cyril Derreumaux Adventure

Insolite 11 juin 2021

La traversée du Pacifique en kayak de Cyril Derreumaux interrompue


Le dimanche 6 juin 2021, suite à une avarie sur son ancre flottante qui s’est produite dans des conditions météorologiques compliquées qui duraient depuis plusieurs jours, le waterman et aventurier Cyril Derreumaux, a pris la difficile décision d’interrompre sa tentative de traversée San Francisco – Hawaii en kayak et en solitaire, six jours après avoir quitté la terre ferme.

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@Maxence-Derreumaux

L’évacuation par hélitreuillage s’est parfaitement déroulée pour le kayakiste français, aguerri depuis douze ans aux aventures et aux défis marins et sportifs, et qui avait été formé à cette éventualité lors de sa préparation de trois ans envisagée sous le signe de la maîtrise des risques.

Une fois mis en sécurité à terre, Cyril Derreumaux et son équipe de support, se sont immédiatement mis au travail pour récupérer le kayak qui était à la dérive et dont le signal GPS émettait encore. Une nouvelle expédition en petit bateau de remorquage s’est mise alors en place dans la nuit du mardi 8 juin pour partir à la rescousse de “Val”, l’embarcation de Cyril Derreumaux, surnommée ainsi en référence à sa petite sœur Valentine. Après plusieurs heures d’une opération de remorquage sportive, Cyril ayant dû s’installer à son poste de rame pour assurer la bonne direction de son kayak pendant près de 10 heures, Valentine a pu rejoindre le port de Santa Cruz. Ayant subi quelques dégâts, il sera prochainement ramené chez Cyril Derreumaux à San Francisco, 120 kilomètres au nord, pour un séchage et une évaluation complète des dommages.

Le moral de Cyril Derreumaux est bon. Si ces derniers événements ne lui permettent malheureusement pas de repartir immédiatement comme il l’espérait peu après son hélitreuillage, celui-ci est toujours déterminé à réaliser son défi de traversée et aller au bout de son rêve. 

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© 2021 – Cyril Derreumaux Adventure


Voici ses premières réactions et explications :

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Cyril Derreumaux  – lundi 7 juin 2021 :

“La journée d’hier avait pourtant bien commencé…

Immobilisé sous ancre flottante depuis 3 jours pour laisser passer, en sécurité, une période de vents forts accompagnés d’une dégradation de l’état de la mer, les conditions à bord de mon kayak océanique étaient inconfortables, mais dans les limites de ce que nous avions anticipé.

Comme cela était prévu par mon routeur météo, les conditions se dégradaient régulièrement pour atteindre des vents de 30-35 nœuds, rafales à 45 nœuds, pour une mer de plus en plus formée avec des creux de 4,5 mètres, les vagues déferlant sur la cabine de mon kayak avec un bruit impressionnant. Pour autant, mon ancre flottante jouait bien son rôle de stabilisation et la situation restait gérable.

Celle-ci a défavorablement évolué hier à 21h lorsque mon équipe au sol m’a indiqué avoir perdu le signal AIS depuis 3 heures. Je constate alors que mon système de navigation a perdu le signal GPS et n’arrive pas à le récupérer. Alors que nous travaillions avec mon équipe sur une solution à ce problème électronique, le comportement général de mon kayak a soudainement changé, ce que j’ai attribué immédiatement à une avarie touchant l’ancre flottante. En quelques instants mon kayak s’est positionné parallèlement à l’axe des vagues, et je me suis retrouvé violemment ballotté de bord à bord, ainsi que tout le matériel qui était stocké dans la cabine. 

Les tentatives de sortie pour évaluer plus précisément l’état de l’ancre flottante et tenter de résoudre l’avarie ont été infructueuses et ont occasionné des entrées d’eau dans ma cabine. Je ne savais pas si j’avais perdu l’ancre ou si elle s’était refermée sur elle-même, mais il était au moins déjà établi que sa corde de récupération s’était une nouvelle fois prise dans la dérive, et dans les conditions météo du moment, et même attaché à ma ligne de vie, il était hors de question de prendre le risque de me mettre à l’eau comme je l’avais fait 2 jours avant.

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Alors que la nuit venait de tomber, il était clair que la situation n’était pas durable : impossibilité de manger, boire, dormir, communiquer facilement avec mon équipe à terre. Avec celle-ci, nous avons alors signalé la situation dans laquelle je me trouvais aux gardes-côtes pour étudier ensemble toutes les options possibles. 

Étant assez proche de la terre (60 milles marins, environ 110 km), et considérant les conditions météos en dégradation qui auraient pu rendre une opération de sauvetage plus complexe et dangereuse pour tous dans les jours à venir, j’ai pris la très difficile décision de demander une évacuation.

L’opération de “Search & Rescue” (SAR) s’est alors mise en place très rapidement et j’ai été hélitreuillé cette nuit vers minuit par les gardes-côtes américains que je remercie infiniment pour leur professionnalisme et leur efficacité. “


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Cyril Derreumaux  – mercredi 9 juin 2021 :

“Après 24 heures d’effort, Val est à nouveau avec moi.

Parti à 2h30 de chez moi pour arriver à Santa Cruz à 4h30, je suis monté à bord du bateau remorqueur à 5 heures du matin, cap vers l’ouest pour un trajet de 70 milles (Valentine n’était qu’à 54 milles au large la veille, mais a dérivé vers l’ouest cette nuit-là).

Cela nous a pris 4h à 16,5 nœuds. Nous repérons Val. Je me mets à l’eau pour régler le problème de la ligne de récupération de l’ancre flottante qui était coincée dans le gouvernail.

À 9h45 nous commençons le remorquage mais à la vitesse de 6 nœuds le kayak n’arrive pas seul à maintenir une ligne de navigation droite. Alors je monte à bord et décide de règler la direction manuellement pendant les 9 heures suivantes !

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© 2021 – Cyril Derreumaux Adventure

Les vents se lèvent dans l’après-midi sur mon côté bâbord. Balade difficile, humide et froide.

La nuit venue, je sens que l’hypothermie me guette alors je remonte dans le bateau remorqueur. Encore 3 heures de navigation puis arrivée dans le port de Santa Cruz à minuit. Heureux de savoir mon kayak en sécurité !!

Malheureusement, beaucoup de matériel est endommagé. La cabine avait aussi beaucoup d’eau à l’intérieur. J’en ai écopé la plus grande partie ce soir.

Demain commence le processus de guérison. Le rêve est toujours bien vivant. Quelle journée !”