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Le Brexit et les pêcheurs français, image via Unsplash

Pêche 26 février 2020

Les pêcheurs français et le Brexit

L'annonce du Brexit a secoué bien des sphères politiques, économiques et sociales. Et l'inquiétude des pêcheurs français est loin d'être injustifiée.

L’annonce du Brexit a secoué bien des sphères politiques, économiques et sociales. Au sein de l’incroyable complexité des décisions politiques à prendre d’ici à la fin de l’année 2020, le domaine de la pêche demeure un thème brûlant. Ce sujet concerne principalement la réglementation des zones de pêches de la Manche. Et l’inquiétude des pêcheurs français est loin d’être injustifiée. Explications.

État des lieux

Pour rappel, les accords définitifs du Brexit concernant le futur des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne devront être annoncés avant le 31 décembre 2020. Concernant la réglementation des zones de pêche situées entre le nord de l’Europe et le sud du Royaume-Uni, les accords devront être définitifs avant le 30 juin 2020.

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Carte des îles britanniques, Infographie ©Le Monde

Ces accords comprendront ainsi des éléments tels que la délimitation des zones de pêches autorisées pour les pêcheurs français et britanniques. Mais aussi la quantité de poissons pêchée par les deux parties, les conditions sanitaires, le coût d’accès aux eaux britanniques par les Européens, etc. Précisons que l’Union européenne souhaite que ces accords soient pluriannuels. Au contraire, que le Royaume-Uni plaide en faveur de négociations annuelles.

Le Brexit est officiellement entré en vigueur le 1er février 2020, et les pêcheurs français se sont vu interdire l’accès aux zones de pêche situées aux alentours des îles anglo-saxonnes d’Aurigny, de Sercq et de Guernesey. Toutes trois sont situées à proximité de la presqu’île du Cotentin.

Cette interdiction concernait, bien évidemment, directement les bateaux de pêche normands et bretons. Près de 150 navires sont concernés par cette mesure, et ont vu leur périmètre de pêche autorisé largement diminuer.

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Image via Pixabay

Quelles conséquences ?

Fort heureusement, dans la semaine suivant le Brexit, le gouvernement de Guernesey a annoncé revenir sur sa décision. Il refusait aux pêcheurs français d’accéder à ses eaux particulièrement poissonneuses. Le gouvernement en question a donc commencé à délivrer des autorisations aux pêcheurs français, toujours à compte-goutte.

Cette décision est essentielle pour la survie et le fragile équilibre du monde de la pêche du nord de l’UE. En effet, si le Royaume-Uni décide d’interdir ses eaux aux pêcheurs européens, une série de causes à effets gigantesque sera mise en place. Les pêcheurs de l’extrême nord de l’Europe iront pêcher au large de la Normandie. Les pêcheurs normands déplaceraient leur lieu de travail au large de la Bretagne, et les pêcheurs bretons descendront pêcher aux abords de l’Aquitaine, etc. Il est difficile de savoir avec précisions quelles conséquences cette situation engendrerait, à la fois sur l’économie européenne, mais également sur les conditions de vie des pêcheurs.

Les pêcheurs français se sentent lésés

Il est essentiel de préciser que 20 % des poissons pêchés par les navires français sont issus des zones maritimes britanniques. Ce taux peut rapidement grimper à 90% pour certains chalutiers. Cela dépend des poissons recherchés et de la période de l’année concernée. La perte financière serait absolument considérable pour les pêcheurs de la métropole. En effet, leurs conditions salariales sont toujours un peu plus précaires. Notons également que le rétablissement des droits de douane est inhérent à la sortie du Royaume-Uni de l’Union douanière européenne. Et il entraînerait 20 % de taxes supplémentaires pour l’exportation des produits de la pêche.

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Image via Pixabay

Autre perte financière pour les pêcheurs de la métropole : le prix des licences. Elles leur permettentt de se rendre dans les eaux britanniques. Ce système de licence mis en place par l’île de Guernesey comme cité plus haut est bien entendu payant. Le risque étant donc que les autres îles britanniques décident de suivre le mouvement ; les pêcheurs français devront donc payer différentes licences, selon leurs lieux de pêche.

Ed W.