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Les professionnels des énergies marines renouvelables demandent au gouvernement de revoir sa copie / Photo Floatgen

Économie 12 décembre 2018

Neuf professionnels des énergies marines renouvelables écrivent au gouvernement

Neuf dirigeants d'entreprises du secteur énergies marines renouvelables (EMR) interpellent le gouvernement suite à l'annonce de la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE)

Neuf dirigeants d’entreprises du secteur des énergies marines renouvelables écrivent une lettre ouverte au gouvernement. La colère et la stupéfaction régnaient déjà depuis quelques jours dans le milieu économiques des EMR. Les professionnels ont accueilli avec inquiétude l’annonce du gouvernement de sa Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), feuille de route de la politique énergétique des dix prochaines années.

Le secteur des EMR estime que ce plan manque de vigueur et d’ambition. Le gouvernement fait valoir que face aux coûts, il va falloir faire des choix.

« Arguments insuffisants »

Les professionnels du secteur apportent des propositions. « Ne soyons pas naïfs: ces objectifs à la hausse que nous proposons pour chacune des EMR technologiquement matures ou ayant au moins atteint le stade de pré-industrialisation, seront considérés par certains comme trop ambitieux. Disons-le franchement, nous considérons les arguments mis en avant par ces derniers comme insuffisants; témoigneraient-ils d’une méconnaissance des savoir-faire consolidés de la filière française dans ce domaine et de ses réalisations de la dernière décennie ? Si c’était le cas, nous accepterions bien volontiers de contribuer à cet effort nécessaire de pédagogie. »

Des objectifs « timides »

Les signataires de cette ouverte au gouvernement dénoncent « une réduction [des objectifs] d’un facteur deux ou trois par rapport à celui qui était attendu par les acteurs de la filière » et un démarrage des appels d’offres des projets retardés à après 2020. « Ces objectifs ne permettent pas, à l’évidence, de consolider les investissements publics et privés déjà réalisés sur nos territoires, qui dépassent pour les EMR 1,3 milliard d’euros depuis 2007. »

L’avenir de la filière mis à mal

« Le signal négatif envoyé à l’ensemble des acteurs de la filière  (…) obstrue l’avenir des forces françaises des EMR, en freinant durablement leur volonté de structurer une filière industrielle de rang européen. Cette ambition  permettrait la création d’au moins 15.000 emplois à l’horizon 2030. »

« Les emplois français dans les EMR se concentrent aujourd’hui sur le développement des projets attribués ou en cours d’attribution dans l’éolien en mer posé,  dans la R&D de systèmes innovants hydroliens et éoliens flottants, ou encore houlomoteurs et  valorisant l’énergie thermique des mers. Certains exportent  leurs technologies avant même de les avoir déployées en France! Cette performance ne pourra durer éternellement, dans un contexte où d’autres pays affichent clairement leur forte ambition sur ces nouvelles filières énergétiques. »

Les atouts de la filière

« Nous demandons expressément au Gouvernement d’intégrer dans sa réflexion ces éléments clés qui semblent avoir été totalement ou
partiellement négligés dans les analyses qui ont été réalisées récemment:

  • La baisse remarquable des coûts de l’éolien offshore posé européen ces trois dernières
    années sera directement transposable en France, et ceci dès l’appel d’offre en cours au large
    de Dunkerque
  • L’éolien offshore flottant représente le plus grand potentiel industriel de la France en
    matière de transition énergétique
  • La ressource hydrocinétique en courantsfluviaux et de maréesfait état, en Métropole et dans
    nos territoires d’Outre-mer, des gisements parmi les plus attractifs au monde
  • L’implantation d’usines et le développement d’un réseau de sous-traitance compétitif
    représentent des leviers économiques considérables à ne pas négliger dans le cadre de la
    définition de volumes de marché d’ici à dix ans

Une base de propositions

« Nous pensons qu’une série d’appels d’offres à lancer dès 2019 et fondée sur une planification continue d’au moins deux projets d’EMR
par an, constituerait une base solide pour assurer la compétitivité de l’ensemble de la filière. »

Il précisent:

  • « Un volume global de projets éoliens offshore posés de l’ordre de 10 GW sur la période 2019-
    2028
  • Un cadencement plus ambitieux d’appels d’offre commerciaux sur l’éolien offshore flottant,
    afin de viser un objectif d’au moins 3 GW à l’horizon 2030 répartis sur les trois régions que sont
    la Bretagne, l’Occitanie et PACA
  • L’intégration au sein de la PPE de la filière hydrolienne. »

Les signataires

Les signataires de cette lettre ouvertes sont:

  1. Matthieu Blandin, Responsable EMR & éolien offshore du Groupe VALOREM.
  2. Diane Dhomé, Chef de projet chez SABELLA, une PME innovante et pionnière de la filière hydrolienne en
    France et dans le monde, qui a immergé au large d’Ouessant la première hydrolienne marine raccordée au
    réseau électrique français
  3. Marlène Kiersnowski, Coordinatrice du site d’essais hydrolien SEENEOH, regroupant quatre entreprises pour accompagner le développement de leur technologie par un test en milieu réel sous le pont de Pierre à Bordeaux
  4. Renaud Laborde et Jérôme Cuny, Co-Fondateurs et Dirigeants d’Open Ocean (Paris & Brest)
  5. Marc Lafosse, Président d’Energie de la Lune (Bordeaux), cabinet d’ingénierie spécialisé dans les EMR et
    le génie océanographique ; Président de BlueSign (Paris)
  6. Hakim Mouslim, Président Directeur Général d’INNOSEA (Nantes), société d’ingénierie et de conseil pour
    les projets et technologies d’énergies marines renouvelables
  7. Maxime Pachot, Consultant et expert maritime, fondateur et le directeur de Bright Future Marine Solutions, présent au
    Royaume-Uni et en France
  8. Antoine Rabain, Ingénieur conseil et expert transition énergétique / économie maritime.  Il dispense en outre des cours au sein des
    différents programmes de formation ENR et EMR en France.