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Nautisme 25 avril 2018

Jean-Luc Van Den Heede. « C’est mon dernier tour du monde »

[RENCONTRE]

A 73 ans, détenteur du record du Tour du monde "à l'envers", deux Vendée Globe, cinq tours du monde, Van Den Heede repart

Le skipper de course au large Jean-Luc Van Heede, surnommé VDH, se trouve à Bordeaux pour y faire baptiser son bateau, Matmut, par la ministre des outre-Mers samedi 28 avril. L’un des marins les plus émérites au monde affiche un palmarès impressionnant: toujours détenteur du record du tour du monde en solitaire sans escale d’est en ouest (contre les vents dominants), 3e au Vendée Globe Challenge de 1990, 2e au Vendée Globe de 1993… Il a bouclé cinq tours du monde et doublé dix fois le Cap Horn.

A 73 ans, le marin repart pour son 6e tour du monde. Cette fois dans des conditions assez exceptionnelles et qui interrogent sur la notion de danger car les marins devront naviguer dans les conditions de 1968.

« Je repars pour ce tour du monde parce que c’est un Tour du monde qui m’a fait rêver il y a cinquante ans. Mais c’est mon dernier tour du monde. »

La Golden Globe Race s’élancera le 1er juillet pour commémorer la toute première course autour du monde en solitaire et sans escale de 1968, organisée à l’époque par le Sunday Times et remportée par Robin Knox-Johnston. Celle qui a vu Bernard Moitessier décider ne pas remonter l’Atlantique et continuer vers les îles du Pacifiques « parce que je suis bien en mer, a-t-il écrit, et peut-être aussi pour sauver mon âme ».

Sans électronique

Jean-Luc Van Den Heede repart donc dans les mêmes conditions de navigation qu’il y a 50 ans: sans GPS, sans pilote automatique, sans assistance météo, sans aucune électronique… Avant le grand départ, il se rend à Bordeaux. Parti des Sables d’Olonnes, il a fait escale à Royan mardi soir puis à Pauillac mercredi soir pour pouvoir « remonter » l’estuaire de la Gironde et la Garonne en profitant au mieux de la marée montante.

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Jean-Luc Van Den Heede, à Royan mercredi matin. Il se prépare à huit mois de solitude autour du globe / Photo G. R.

Nous l’accompagnons lors de ces étapes girondines. A bord de Matmut, il se livre.

« C’est mon dernier tour du monde. Je pars parce que c’est l’aventure et parce que c’est une première. J’ai toujours beaucoup aimé les premières éditions de toutes ces courses. »

Il aime partir en mer avec les moyens de 1968. Il avoue avoue « une certaine anxiété sur le temps qu’on va avoir, si le bateau va tenir, si je ne vais rien casser. » Il sait que la concurrence sera rude car « il y a des jeunes qui ont les dents longues ».

« Il y a cinq ans, je n’aurais jamais imaginer repartir dans une course comme celle-là. »

Pour lui, la Golden Globe Race « n’est pas plus dangereuse qu’une autre course car les bateaux sont lents, on plafonne à 7 noeuds ».

Ce soir, il escale à Pauillac et repartira demain midi, jeudi, pour arriver à Bordeaux en fin d’après-midi. Ensuite, cap sur l’Angleterre pour préparer les huit mois de tour du monde…

Gaëlle Richard