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Dans "Rien n'est jamais écrit", Jean Galfione raconte comment il a largué les amarres sans (presque) rien connaître à la voile / Photo G. R.

Sport 1 mars 2019

Jean Galfione, du « petit Jean » au champion olympique et à la Route du Rhum

Dans son livre, le champion olympique de saut à la perche dévoile, avec une grande sensibilité, comment il est passé de l'athlétisme à la voile

« J’étais très malheureux sur les bancs de la classe. […] J’étais nul et on se moquait de moi. […] J’étais le héros de la récréation, pas de la salle de cours. » A 48 ans, dans son livre « Rien n’est jamais écrit », le champion olympique d’athlétisme dévoile ses premiers pas de sa course d’élan, celle qui, au début de l’âge adulte, le conduira à décrocher l’or puis participer à la Coupe de l’America et deux Route du Rhum. Avec une grande sincérité, une sensibilité sans pathos et beaucoup de recul sur lui-même, le skipper ne se cache pas derrière son petit doigt. Il révèle notamment comment le navigateur Alain Gerbault a modifié le cours de sa vie.

L’angoisse de l’école

Même entouré d’amour familial, solidement ancré dans la confiance de ses parents, le « petit Jean » souffre à l’école. « Je n’arrivais pas à me concentrer. »

« Je pensais que je n’étais pas à la hauteur intellectuellement. »

« J’étais assis sur ma chaise à flâner, à être humilié aussi. Parce que quand on est nul, les gamins sont durs entre eux, les profs également. Aussi, je me réfugiais dans mon petit univers imaginaire de champion, j’étais un cascadeur, un aventurier. »

Alain Gerbault et l’athlétisme

Le petit Breton passe ses vacances au milieu des pêcheurs, à écouter les aventures de son grand-père médecin sur un porte-avion dans la Marine nationale. De quoi inoculer le virus. Un jour, le tourbillonnaire écolier tombe sur la biographie du navigateur Alain Gerbault. « J’avais lu dans sa biographie qu’il était possible de décider de son destin, alors je me suis dit que j’allais écrire le mien. » En arrière-plan, le bienveillant regard paternel l’encourage.

« Je valide le message de Gerbault, vas-y, fonce mon fils! »

Il découvre l’athlétisme et trouve sa voie. N’étant pas le meilleur, il déterminera sa carrière à force de travail acharné et d’introspection. En 1996, à Atlanta, il est champion olympique de saut à la perche avec un nouveau record olympique. En 1999, il devient le premier Français à franchir la barre des six mètres.

Voile, Coupe de l’America et Route du Rhum

Au crépuscule de sa carrière d’athlète, Alain Gerbault repointe l’étrave de son message. Dans les années de blessures, donc de galères, le bateau « m’a secouru » témoigne Jean Galfione. Un ami bordelais lui entrouvre les portes de la voile de haut niveau. Il décide de les pousser et de s’y engouffrer. Il accepte une proposition pour participer à la Coupe de l’America, au poste de wincher. Lui, le champion olympique, ignore presque tout de la voile en compétition, de la voile tout court d’ailleurs.

« Suis ton instinct »

Jean Galfione décide mettre le cap sur une nouvelle vie. « Je me sentais légitime. Par rapport à mon expérience sur l’eau, je n’en avais aucune, j’étais nul! Mais je me sentais légitime par rapport à moi, à ce que j’avais lu, par rapport au fait qu’on a le droit de rebondir. » Après la Coupe de l’America, l’athlète s’élance pour la Route du Rhum 2014 et 201801 avec Team Serenis Consulting, qu’il abandonnera après une semaine de tempêtes.

« Un exercice difficile »

Pour le skipper, athlète, auteur, écrire un livre sur lui, qui plus est en faire la promotion, « est un exercice difficile ». « L’idée ne vient pas de moi, avoue-t-il. Trois éditeurs m’avaient sollicité, dont Arthaud. Le journaliste Marc Ventouillac m’a accompagné, j’avais pleine confiance en lui, alors j’ai dit oui… mais ça n’est pas facile! »

Désormais, Jean Galfione évolue dans le milieu de la voile, participe à des régates européennes, il est devenu proche de la famille d’Eric Tabarly et ne cesse d’écouter les récits d’aventures des marins qu’il regarde avec les mêmes yeux que ceux de l’enfant qui admirait les pêcheurs bretons.

« Rien n’est jamais écrit », Jean Galfione en collaboration avec Marc Ventouillac, Editions Arthaud, 211 pages, décembre 2018, 21 euros.
Gaëlle Richard