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Via futura-sciences.com

Insolite 8 mai 2019

Une présence impressionnante de virus dans l’océan Arctique

Que sont ses virus ? Quel est l’impact du changement climatique sur eux ? Quelles peuvent être les conséquences de leur développement ?

L’expédition Tara Oceans a recueilli entre 2009 et 2013 plus de 35 000 échantillons de plancton marin dans l’océan Arctique. Après leur étude, les scientifiques ont constaté qu’il était infesté d’un très grand nombre de virus. Ils en ont récemment publié un rapport dans la revue Cell.

Tara, un voilier scientifique au service de l’environnement

C’est entre 2009 et 2013 que la goélette Tara a recueilli des échantillons dans l’océan Arctique, qui ont maintenant été largement étudiés. Tara, c’est un voilier français, destiné à la recherche scientifique. Son équipage a pour but principal de défendre l’environnement.

L’expédition Tara Oceans a parcouru plus de 140 000 kilomètres sur tous les océans de la planète. Elle souhaitait percer quelques-uns des mystères encore très opaques de l’écosystème planctonique. Elle a rassemblé plus de 200 scientifiques issus de 20 laboratoires internationaux, aujourd’hui rassemblés au cœur de la Fédération de Recherche Tara Oceans.

L’échantillonnage qu’elle a effectué en Arctique en 2013 a mis en évidence une présence très inquiétante d’une énorme diversité de virus. Le biologiste Chris Bowler compare aujourd’hui cette région du globe à une « pépinière de virus ». Chercheur coordinateur scientifique de l’expédition, il a étudié le projet du début à la fin et en a conclu que « le changement climatique va clairement modifier cela ».

L’étude, qui vient d’être publiée, a permis d’appréhender l’évolution et l’impact des virus à l’échelle mondiale, et de consolider la compréhension des populations de virus marins.

Que peut aggraver le changement climatique ?

L’océan Arctique devient dès lors une véritable source d’inquiétude pour l’avenir des mers et des océans. La biodiversité foisonnante en Arctique ressemble plus à des régions tropicales qu’à des pôles, que ce soit pour les espèces animales ou végétales. De quoi s’étonner, et se dire que les mers froides sont de moins en moins hostiles aux virus et bactéries.

Les scientifiques donnent comme nombre de populations virales connues entre 16 000 et 200 000. D’après Chris Bowler, on pourrait même penser qu’il peut y en avoir jusqu’à un milliard.

Les virus sont des organismes minuscules et invisibles mais, présents en très grand nombre, ils infectent les autres organismes qui les entourent. Chacun d’entre eux a sa cible, que ce soit le plancton ou les poissons. Or, les micro-organismes du plancton marin ont le rôle très important de produire plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons, tout en absorbant le dioxyde de carbone.

Auparavant plus diversifiés au niveau des tropiques, ces virus le sont maintenant de plus en plus vers les pôles, à cause du réchauffement climatique (les virus aiment la chaleur et s’y développent plus facilement).

Il reste maintenant aux scientifiques à démontrer quel peut être l’impact de leur si grande présence, à vérifier au fil du temps quels facteurs déterminent leur abondance ou encore quel rôle ils joueront dans la séquestration du carbone de l’atmosphère par les océans…

Ed.W