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Benjamin, Caroline et Maxime ont fait passer l'héritage familial d'un métier traditionnel à lère 2.0 / Photo Ô Poisson

Économie 6 décembre 2018

Trois cousins de l’île d’Yeu créent Ô Poisson, une poissonnerie sur Internet

Troisième génération dans le poisson, Caroline, Maxime et Benjamin ont les bottes aux pieds et la main sur la souris

Gaston, 81 ans, taquine plus facilement le bar que la souris d’ordinateur. L’Internet, pour lui, est un monde étranger. En revanche, depuis plus d’un demi-siècle « à la marée », il connaît le homard breton sur le bout des doigts. Gaston Hennequin est le grand-père. Caroline, Maxime et Benjamin ses petits-enfants. Poissonniers de père en fils et dégourdis. En mai 2014, ils font entrer l’entreprise familiale de poissonnerie et conserve dans le XXIe siècle.

La poissonnerie 2.0

Ils fondent Ô Poisson, une plateforme d’achats de poissons frais, crustacés et épicerie de la mer sur Internet.  Des trois cousins, Benjamin est le grossiste, fournisseur de Ô Poisson, Maxime, poissonnier, et Caroline, au service clients. La famille Hennequin possède trois poissonneries sur l’île d’Yeu, berceau de la lignée de marins et conserveurs.  chiffre d’affaires double chaque année. marché pas encore mâture.

« Nous avons commencé par un drive mais, au vu de la croissance, nous avons préféré nous concentrer sur l’outil internet à fort potentiel de développement » explique Caroline. En 2018, Ô Poisson quitte Nantes et installé aux Sables d’Olonne, directement à la criée, pour gagner en fraîcheur et en logistique.

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La poissonnerie des Hennequin sur l’île d’Yeu dans les années 1970 / Photo Ô Poisson

Bottes et marketing

Les cousins vendéens ont poussé les murs de ce métier encore fortement ancré dans la tradition, sans pour autant en renier les fondamentaux. Les bottes au pieds, ils parlent marketing, positionnement et concurrence. « La poissonnerie est un métier où on est encore au fax (même si commence à changer depuis deux ans), constate Caroline. Il fallait moderniser la filière. Dans ce contexte, nous voulions un retour aux produits locaux. Les circuits courts et Internet se développaient. Il y a 5 ans, on se disait « il ne se passe rien dans le poisson » contrairement à la viande. Or, nous, du fait de notre héritage, on a la connaissance des produits et du secteur. La demande se fait sentir. » Alors, ils se lancent. Les trois ont mené des études de commerce, poissonnier et communication et marketing.

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Dans les années 1960, la famille Hennequin est déjà à pied d’oeuvre dès le retour des pêcheurs / Photo Ô Poisson

Des contraintes complexes

La vente à distance de produits locaux et ultra-frais n’est pas simple. Le poisson est très dépendant de la nature et des fluctuations de prix. « A l’inverse du poissonnier classique, nous,  on propose la criée avant qu’elle ne soit pêchée. L’approvisionnement est un sport chaque jour! Les deux gros enjeux sont la logistique et la fraîcheur. » Beaucoup de contraintes à surpasser chaque jour.

Être « dans le poisson » depuis trois générations présentent quelques avantages lorsque l’on se lance dans cette niche économique: se trouver dans un centre de marée, décoder la criée, travailler avec un réseau de confiance.

Bons baisers de l’île d’Yeu

Ô Poisson s’apprête à vivre le coup de feu des commandes des fêtes de fin d’année. Dans les grandes villes, la plateforme proposera un nouveau service dès janvier: la livraison sur créneaux horaires choisi par le client. Plus besoin de rester chez soi une bonne partie de la journée à attendre le livreur.

La plateforme des cousins vendéens a bien dû se distinguer face à ses concurrents. Ô Poisson propose des portions sous vide, des cuissons maison, le homard coupé en deux.  Et, à l’intérieur du colis, une carte postale précise que l’animal a été pêché par tel bateau, débarqué à telle heure… A quand le petit mot griffonné par le pêcheur?

Gaëlle Richard