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A Bordeaux, Marc Lafosse inspecte la plateforme de Seeneoh qui abrite une hydrolienne d'HydroQuest / Photo G. R.

Économie 27 avril 2018

Les énergies de la mer investissent

Les entreprises des énergies marines ont investi 1,3 milliard d'euros pour impulser le démarrage de cette filière

La filière des énergies marines renouvelables (EMR) se construit. Pour cela, elle investit lourdement. En dix ans, les entreprises ont investi 1,3 milliard d’euros. Certes, son chiffre d’affaires n’est « que » de 590 millions d’euros en 2016. Cette différence est logique puisque la filière est en phase de d’émergence. Le rapport investissement/chiffre d’affaires s’inversera « avec la mise en service des futurs parcs commerciaux éoliens en mer » précise l’Observatoire des énergies de la mer.

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Les entreprises ont besoin de développer des machines, des techniques, des technologies et des les tester. Ces différents processus coûtent cher.

A Bordeaux, Energie de la Lune est l’un des pionniers du secteur. La société cabinet d’ingénierie spécialisé dans les E.M.R.(Énergies Marines Renouvelables) et le génie océanographique est à l’origine de la création du projet Seeneoh. Situé dans la Garonne, au pied du pont de Pierre, ce site d’essai et de certification d’hydroliennes estuariennes est le seul en France. Il a coûté 3 millions d’euros d’investissement (65% public-35% privé). Sur les eaux boueuses de la Garonne, la plateforme de Seeneoh comporte trois emplacements pour immerger des hydroliennes. La société française HydroQuest a placé la sienne depuis le mois de février jusqu’en février 2019. L’entreprise irlandaise, Design Pro, placera la sienne d’avril 2018 à mai 2019.

Après avoir inventé une technologie et l’avoir testée en laboratoire, les entreprises ont besoin de procéder à des test grandeur nature et de faire certifier (à Bordeaux, par Bureau Veritas) les résultats c’est-à-dire la capacité de production d’électricité de leurs hydroliennes. Le fondateur d’Energie de la Lune, Marc Lafosse, est également président de la commission Énergies Marines du Syndicat des Énergies Renouvelables.

« Tous les jours, je vois arriver des gens qui pensent avoir la meilleure technologie » affirme Marc Lafosse.

Or, pour convaincre banques et investisseurs, il faut des résultats quantifiables et certifiés.

Les projets de la filière des Energies marines renouvelables

La filière des EMR compte plusieurs projets de sites d’essais et de fermes pilotes. Le projet de parc d’éolien posé (lire l’encadré) à Dunkerque est en cours d’attribution. Celui au large de l’île d’Oléron (à 14km de l’île) est en attente de la rédaction de son cahier des charges. « Ce parc pourrait couvrir les besoin en électricité du département de la Charente-Maritime » affirme Marc Lafosse. En Méditerranée, trois fermes pilotes d’éolien flottant sont d’ores et déjà prévues ainsi qu’une autre entre Groix et Belle-Île.

Le député de Vendée, Stéphane Buchou, a  interpellé le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, sur la nécessité d’accélérer les projets et simplifier le mille-feuilles administratifs français.

De leurs côtés, les entreprises poursuivent leur bonhomme de chemin. Energie de la Lune planche sur des projets en Polynésie, aux Tuamotu. « Nous y étudions le courant dans un atoll et le phénomène « d’ensachage » c’est lorsque l’eau passe par-dessus la barrière de corail ce qui créée une sorte de courant de marée sur plusieurs jours » détaille Marc Lafosse. Sa société travaille aussi aux Philippines pour cartographier les fonds.

Gaëlle Richard

Dessus, dessous, les six sources d’énergies en mer

  • éolien posé: l’éolienne est posée sur le fond marin et utilise l’énergie du vent marin. A l’heure actuelle, la technologie limite l’implantation à 50m de fond.
  • éolien flottant: l’éolienne est implantée dans les zones où les profondeurs ne permettent pas de poser l’installation sur le fond. Les éoliennes sont posées sur une structure tenue par des ancres, jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
  • hydrolien: l’hydrolienne est une turbine qui exploite l’énergie du courant provoqué par le déplacement des masses d’eau lors des marées.
  • l’énergie houlomotrice: le houlomoteur permet d’exploiter l’énergie des vagues et de la houle. Le dispositif peut être soit un corps flottant qui capte le mouvement des vagues et le transforme en électricité, soit une colonne d’eau qui actionne un piston lequel actionne une turbine, ou bien encore un plan incliné qui recueille le déferlement pour actionner une turbine.
  • énergie thermique des mers: elle utilise la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes. Il faut au minimum 20° de différentiel.
  • énergie osmotique: elle permet d’exploiter la différence de salinité entre l’eau douce et l’eau de mer. Dans une installation, elles sont séparées par une membrane. La migration des molécules à travers cette membrane peut entraîner une turbine pour produire de l’électricité.

Les chiffres d’une filière qui se structure

  • 2086 emplois existent dans la filière des EMR.
  • 75% du chiffre d’affaires annuel (590 millions d’euros en 2016) est généré par une activité à l’export.
  • 47% des entreprises de la filière engagée dans la recherche et le développement sont des petites et moyennes entreprises. Celles qui emploient le plus de personnes sont les grandes entreprises, notamment dans le cadre de la mise en service des parcs.