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VSD en 1979, talonnant Paul Riccard lors de Lorient-Les Bermudes-Lorient

Nautisme 5 février 2018

Kersauson-Riguidel, 1978. Foils ou pas foils ?

DANS LE RETRO

1ère Route du Rhum, Eugène Riguidel place des foils sur son trimaran. Olivier de Kersauson hésite et repousse cette option. 40 ans après, leur regard sur ce choix.

Quarante ans après la première Route du Rhum, Eugène Riguidel revient sur un choix technique osé à l’époque : les foils. Riguidel opte pour des foils sur la coque centrale de son trimaran VSD et attire toutes les curiosités. Kersauson, avec Kriter IV, après avoir hésité, fait le choix de ne pas en mettre. Aujourd’hui, le premier ne regrette pas son choix.

Les « moustaches d’Eugène »

Aux Sables d’Olonnes, à bord du trimaran blanc, VSD, Eugène Riguidel attire « l’attention générale sur les pontons » écrit Gérald Basseporte en 1979(1). «  A 30 cm de la surface de l’eau, on aperçoit deux petites ailes sur le tiers avant de la coque centrale. Il s’agit de plans porteurs qu’Eugène Riguidel a fait monter pour améliorer le passage du bateau dans la vague et éviter que les voile ne se vident lorsque le tangage devient très important. Très vite ces fameux plans porteurs – ou foils- sont baptisés les « moustaches d’Eugène ». « Ce sont les chantiers Barberet, à Rennes, qui ont posé les foils ; Eugène les a essayé entre Lorient et Saint-Malo. Il s’en montre satisfait. Dans le cas contraire, il avait prévu de les ôter en 4 ou 5h de travail. A l’issue d’une discussion très technique, Kersauson repart perplexe et l’âme assaillie de doutes. Il avait en effet envisagée cette même solution mais il l’a repoussée. Si Riguidel avait raison… » La course ne pourra trancher. VSD fait naufrage sur la barrière de corail au moment de l’arrivée. Kriter IV finit 4e, derrière Mike Birch, Michel Malinovsky et Philip S.Weld.

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Eugène Riguidel en juin 2017 Cédit Photo G. R.

« J’observais les chars à voile »

Eugène Riguidel, même s’il a arrêté la course, n’a jamais cessé ni de naviguer ni de se passionner pour l’évolution des techniques. Son choix de l’époque lui semble aujourd’hui aussi évident qu’en 1978.

« J’ai toujours essayé de trouver le bateau le plus rapide avec le maximum d’innovations, retrace-t-il. Mon 1er VSD était en effet un trimaran à hydrofoils sur la coque centrale. Sur le 2e, on en a remis mais dans des puits pour pouvoir modifier les incidences. »

L’intérêt de ces appendices : « limiter le tangage dans la houle. En plus ça faisait déjauger le bateau. Pour la Transat en double (la 1ère), avec Gilles Gahinet en 79, les hydrofoils étaient articulés. J’ai toujours su que les hydrofoils c’était formidable. J’ai toujours pensé que les multis seraient supérieurs aux monocoques. » Sa curiosité pour la vitesse l’emmène sur la plage. « J’observais les chars à voile profilés pour aller vite. » Aujourd’hui, il aime jauger la vitesse des bateaux. « Bientôt même les bateaux à moteur auront des foils. Ils iront plus vite et consommeront moins. »

G. R.
1-Source : « La Route du Rhum, Birch l’exploit, Colas le drame » Gérald Basseporte, Editions PAC, 1979.
Eugène Riguidel en juin 2017 Cédit Photo G. R.