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Une holothurie trompe d'éléphant (Holothuria fuscopunctata) aux Maldives, atoll de Baal / Photo par Ahmed Abdul Rahman - Creative Commons

Insolite 7 juillet 2019

Concombres de mer : péril dans les abysses

Pourtant bien enfoui au plus profond des océans, l'Homme a des conséquences désastreuses sur ces animaux.

Elle se déplace au plus profond des mers et des océans, rampe sur le sol et peut à tout moment se remplir d’eau pour échapper à un danger imminent : l’holothurie, plus connue sous le nom de concombre de mer ou bêche de mer, est un animal marin qui joue un rôle écologique majeur.

Un être aquatique des profondeurs

Issus de la famille des échinodermes, parmi lesquels on retrouve les étoiles de mer, les oursins, les crinoïdes et les ophiures, les holothuries (issu du latin « holothuria » : « entièrement nu »), font partie du benthos. Sous ce nom grec qui signifie « profondeur », sont désignés l’ensemble des animaux vivant au plus profond des mers, par opposition au pelagos qui correspond à l’espace de vie des animaux aquatiques vivant près de la surface de l’eau. Leur corps mou, qui peut mesurer de dix centimètres à trois mètres de long, prend différentes formes selon les variétés : qu’il s’agisse de l’épineux « concombre-ananas », de l’arrondie « pomme de mer » ou de la longiligne « holothurie-serpent », tous se caractérisent par une physionomie ramassée, une symétrie pentaradiaire (présence de cinq sections corporelles) et une peau qui a la propriété de pouvoir durcir à tout moment (« holothurie-caillou »). Cet exceptionnel pouvoir permet à l’holothurie de se défendre en cas de danger, tel que la présence d’un prédateur ou le surgissement de violentes vagues de fond.

Les concombres de mer se nourrissent de plancton, mais aussi de détritus et de matériel organique déposé au fond des mers. Au travers de leur digestion, ils produisent du sédiment très pur qui vient à son tour enrichir les fonds marins. Ce processus naturel fait de ces animaux un chaînon essentiel du maintien de l’écosystème des abysses. Ovipares, ils peuvent quelquefois vivre en couple pour optimiser leurs chances de reproduction. Après la fécondation externe, ils passent par un stade larvaire, avant la métamorphose, puis le stade juvénile.

 

 

La convoitise de l’Homme, ennemi numéro 1

Mais la main de l’Homme atteint l’univers bien rôdé de cet animal aquatique pourtant bien enfoui au plus profond des océans. Bien que certains poissons opportunistes tentent des approches prudentes, c’est l’être humain qui constitue le principal prédateur des concombres de mer. Surpêchés, braconnés, ils alimentent notamment le marché asiatique où les concombres de mer sont communément consommés. La menace est immense pour ces êtres aquatiques qui voient leur population s’effondrer littéralement : par exemple 45% de diminution entre 2002 et 2007 en Egypte, malgré l’interdiction de la pêche. En cosmétique, ce sont de prétendues propriétés médicinales qui sont valorisées, mais non prouvées scientifiquement. Et pourtant, les holothuries jouissent d’une grande popularité, notamment au Japon où ils inspirent de nombreux poètes. Pour l’heure, la situation est préoccupante, puisque, au-delà de la surpêche, c’est aussi la pollution qui met en danger les espèces. L’holothurie fait désormais l’objet d’un suivi de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, et figure sur la liste rouge des espèces en voie d’extinction. La prise de conscience écologique et morale suffira-t-elle à sauver ces espèces aux mille couleurs et aux formes inattendues, dont le rôle pour la planète est vital ?

Ed.W