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Bataille de Salamine © Maximilianeum – Munich

Patrimoine 29 septembre 2019

La Bataille de Salamine, au croisement des destinées

À l’aube du Vème siècle avant JC, au cœur des guerres médiques, se déroule une bataille navale dont le dénouement aura des répercussions à la fois géopolitiques et culturelles. Son retentissement s’imprime non seulement sur le développement de la Grèce antique, mais aussi sur la culture occidentale qui s’étale sur les siècles suivants. C’est au large de l’île de Salamine, située en mer Egée près d’Athènes, que l’alliance des cités-états grecques, menée par Thémistocle, affronte l’armée de l’Empire Perse sous le regard de son chef Xerxès Ier. Sur fond de révolte de l’Ionie (territoire situé à l’ouest de l’Asie mineure) contre l’Empire perse qui souhaitait contrôler le commerce du bois et du blé issu de cette région, c’est l’histoire de la Grèce antique qui creuse ses racines dans cette succession d’événements.

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Plan de la Bataille de Salamine, ©Hatier 2009

Une région scandée par les guerres médiques

Selon Hérodote, historien grec, en 491 avant JC, Darius Ier, empereur perse, voyant que l’intégrité de son empire est menacée par la révolte de l’Ionie, exige des cités-Etats grecques un tribut d’eau et de terre. La majorité des cités-états se soumettent à son autorité, convaincus de sa puissance. Toutefois, Athènes et Sparte refusent cette soumission ; à Athènes les ambassadeurs perses sont jugés puis exécutés, tandis qu’à Sparte ils sont jetés au fond d’un puits. En réaction, dès 490 avant JC, Darius Ier assiège et détruit Erétrie, mais subit un revers à Athènes face à l’armée grecque victorieuse dans la bataille de Marathon. En 486 avant JC, à la mort de Darius Ier, son fils Xerxès Ier accélère les préparatifs pour la poursuite de l’invasion, et lance une conscription. De leur côté, les Athéniens se préparent également activement, et procèdent à la construction de trières (galères de combat antiques). En parallèle, une confédération des cités-états grecques est créée en 481 avant JC, permettant d’augmenter les effectifs athéniens insuffisants pour faire face aux Perses.

La bataille de Salamine, ©Huber Wallerand

Au cœur du détroit de Salamine

Septembre 480 avant JC : Athènes est évacuée. Xerxès, désireux de prendre possession d’un maximum de territoires en un an, apprend que des désaccords existent entre les chefs grecs. Il décide alors de tirer profit de cette situation conflictuelle. Le 29 septembre 480 avant JC, malgré la mise en garde d’Artémise Ière, reine d’Halicarnasse qui est à la tête de l’escadre des navires perses et qui juge l’opération périlleuse, Xerxès se dirige vers le détroit de Salamine, au large d’Athènes. C’est alors que Thémistocle, stratège athénien, tente, avec succès, de confondre Xerxès en lui faisant croire à la soumission des Grecs, et en lui conseillant de bloquer les accès au détroit de Salamine. Avec 1207 navires perses contre 378 trières grecques avec à leur bord des marins peu expérimentés, le combat semble inégal. Mais c’est sans compter le stratagème mis sur pied par Thémistocle, qui, en attirant les Perses dans le détroit, espère amoindrir leur puissance en les menant au chaos. La première ligne d’attaque perse est repoussée, certains chefs sont tués. Les Perses sont totalement désorganisés, et leurs escadres sont repoussées jusqu’aux côtes. Furieux, Xerxès Ier ordonne la mise à mort des capitaines phéniciens, qu’il accuse d’avoir amorcé la bataille.

Cette légendaire bataille de Salamine annonce un véritable changement géopolitique, les Perses renonçant désormais à envahir la Grèce. Selon de nombreux historiens, c’est cette bataille navale auréolée de la victoire des Grecs qui aurait dessiné les contours de la Grèce antique, et plus largement la culture occidentale conduite par les valeurs que nous connaissons et goûtons au quotidien : libre-arbitre, démocratie, science, philosophie.

Ed. W.