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Découverte & Recherche 4 avril 2020

Deux navires-hôpitaux de la Marine américaine mobilisés contre le COVID-19

L’un d’entre eux vient de faire l’objet d’une tentative d’attaque par un ingénieur adepte de théories complotistes.

Pourquoi et comment on vous explique tout !

L’USNS Comfort et l’USNS Mercy, deux navires-hôpitaux de la Marine américaine ayant officié durant les guerres au Moyen-Orient et lors de crises humanitaires de grande ampleur, ont été mis à contribution à New York et à Los Angeles pour combattre l’épidémie de coronavirus en plein développement aux États-Unis.

L’un d’entre eux vient de faire l’objet d’une tentative d’attaque par un ingénieur adepte de théories complotistes.

La côte est et la côte ouest des États-Unis ont respectivement accueilli l’USNS Comfort et son sister ship l’USNS Mercy en renfort pour soulager les hôpitaux débordés par le développement de l’épidémie de COVID-19. Celle-ci a atteint un sinistre record ce vendredi 3 avril 2020 avec 1169 morts aux seuls États-Unis, bilan sur 24 heures le plus élevé jamais enregistré dans un pays depuis le début de la pandémie.

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SAN DIEGO (March 23, 2020)
(U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 1st Class David Mora Jr./Released)

Les deux navires-hôpitaux accueillent depuis la fin du mois de mars les patients qui ne souffrent pas du coronavirus, afin de soulager les établissements des régions de New York et de Los Angeles. Il s’agit par ailleurs d’éviter que ces patients ne soient contaminés par le COVID-19.

La ville de New York est la plus touchée, ayant à ce jour enregistré près de 1900 morts à elle seule, bénéficie depuis le 30 mars 2020 de l’aide de l’USNS Comfort, qui dispose de 1000 lits d’hôpital, dont 80 lits de soins intensifs, de 12 salles d’opération et de près de 1200 soignants. Il aurait déjà accueilli 21 patients vendredi 3 avril au soir, mais refuserait l’accès à leurs proches pour l’instant.

« Nous considérons que l’USNS Comfort est dans une bulle »

Patrick Amersbach

a déclaré le capitaine du navire, Patrick Amersbach, qui interdit également aux membres d’équipage de quitter le navire. Les éventuels prestataires extérieurs devant intervenir sur le navire sont soumis à des règles strictes ;

ils sont examinés, doivent se laver les mains devant témoin, porter un masque et rejoindre le lieu de leur mission sous escorte. Si d’autres structures médicales de la région actuellement réservées aux non-malades du COVID-19 devraient prochainement changer leur fusil d’épaule, ce n’est pas le cas de l’USNS Comfort. « Nous allons essayer de rester dans cette bulle », a ajouté le capitaine Amersbach.

« Nous ne voulons pas faire entrer à bord quoi que ce soit qui pourrait présenter un risque ».

Des pétroliers transformés en navires-hôpitaux pour intervenir en contexte de guerre et de crise humanitaire

Construits par la National Steel and Shipbuilding Company en 1976, ces deux navires de 272,6 mètres de long sont à l’origine des pétroliers de la classe San Clemente, lancés à San Diego en Californie. Ils terminent leur carrière de pétroliers au milieu des années 80, lorsqu’ils sont transformés en navire-hôpitaux militaires et livrés à l’US Navy. Ces conversions coûtent près de 208 millions de dollars par bâtiment, et font de ces navires de la classe Mercy les troisièmes plus longs de la flotte américaine derrière les porte-avions à propulsion nucléaire.

Leur mission est de fournir des soins d’urgence, flexibles et mobiles aux forces de combat américaines déployées dans des guerres et dans d’autres types d’opérations. Ils fournissent également un service hospitalier dans le cadre de catastrophes naturelles et de missions humanitaires.

Moins performants qu’un hôpital traditionnel, ils bénéficient cependant d’équipements plus avancés qu’un hôpital de campagne. Conformément à la Convention de Genève, ils sont dépourvus d’armes offensives et ne disposent que d’un armement défensif ; toute attaque à leur encontre est donc considérée comme un crime de guerre.

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Intérieur du USNS Confort

Ils ont tous deux apporté leur concours dans la guerre du Golfe (1990-1991). L’USNS Confort voit par exemple près de 8000 patients et pratique 337 interventions chirurgicales. Mobilisés dans des partenariats avec d’autres nations en Amérique du Sud et dans le Pacifique, ils apportent un soutien régulier à des populations démunies. Et ce notamment afin de former leurs équipes et de promouvoir l’action des États-Unis dans le monde.

L’USNS Comfort rejoint Manhattan suite à la destruction du World Trade Center le 11 septembre 2001. Il soigne 561 personnes pour des blessures mineures. Il utilise pour la première fois sa pleine capacité opérationnelle de 1000 lits et de 12 salles d’opération en 2010, suite au tremblement de terre à Haïti. Près de 850 interventions chirurgicales sont réalisées à son bord en un peu plus d’un mois.

L’USNS Mercy pris pour cible par un adepte de théories complotistes

Le 2 avril 2020, un ingénieur de la Pacific Harbour Line a fait dérailler un train de marchandises dans le but de le faire s’écraser contre le navire-hôpital. Après avoir détruit plusieurs barrières et provoqué une importante fuite de mazout, le train a fini sa course à 230 mètres de l’USNS Mercy, sans faire de blessés. Croyant à une théorie du complot, l’homme aurait déclaré aux fédéraux qu’il soupçonnait le navire d’être présent pour d’autres raisons que pour soigner les malades, parmi lesquelles une tentative de prise de contrôle par le gouvernement.

Arrivée du « Mercy » à Los Angeles

« Les gens ne savent pas ce qu’il se passe ici. Maintenant oui ».

« Tu n’as cette chance qu’une seule fois. Le monde entier est en train de regarder. Je devais le faire », aurait-il déclaré aux enquêteurs. « Les gens ne savent pas ce qu’il se passe ici. Maintenant oui ».

Un épisode qui révèle les nombreuses tensions provoquées par le virus à travers le monde.

Sarah Barry, Musée Mer Marine Bordeaux