CORAIL
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Faune & Flore 10 janvier 2022

Coraux en danger : les scientifiques sonnent l’alerte

Les émissions de gaz à effet de serre mettent en péril une multitude d’écosystèmes. Parmi ces milieux, le plus menacé est sans doute le récif corallien. Mais comment expliquer le blanchiment des coraux du monde entier ? Pourquoi ces colonies sont-elles sensibles à la pollution ? Et que préconise la communauté scientifique pour sauver les massifs de corail ? Explications.

Une disparition des coraux d’ici à 2050

En avril 2021, un groupe de spécialistes a publié un article très alarmant au sujet des coraux, dans le magazine « Biological Conservation ». Cette publication intitulée « Designing a blueprint for coral reef survival » (« Concevoir un plan pour la survie des récifs coralliens ») a été co-signée par une vingtaine de chercheurs issus d’universités américaines, israéliennes, allemandes, japonaises, australiennes et françaises. Plus qu’une simple étude, il s’agit d’une tribune visant à alerter les pouvoirs publics des cinq continents sur un danger imminent : celui de voir les barrières de corail subir une dégradation irréversible (d’ici 20 à 30 ans) avant de disparaître complètement (d’ici 30 à 50 ans).

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Les récifs coralliens hébergent des espèces d’animaux comme le poisson-clown.

Les récifs, berceaux de la biodiversité

Les massifs coralliens constituent des structures complexes, qui abrite des millions d’espèces végétales et animales. Même si leur surface ne représente que 0,25 % de la superficie des océans, ils hébergent près de 25 % des organismes marins du globe. Les plus vastes de ces biotopes peuvent couvrir des superficies de plusieurs centaines d’hectares. C’est le cas de la Grande Barrière de corail du Queensland en Australie : celle-ci s’étend sur près de 345 000 km², soit quatre fois la surface de la région Nouvelle-Aquitaine ! Malheureusement, les récifs de corail sont aussi beaux que fragiles. Véritables baromètres de la pollution mondiale, ces milieux subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique.

Le stress corallien : une menace sans précédent

Le corail est un invertébré vivant en symbiose avec une algue microscopique. Grâce à la photosynthèse, cette dernière transmet des vitamines, des sucres et de l’oxygène à son hôte. En cas de maladie ou de stress, les polypes éjectent les algues qui colonisent habituellement leurs tissus. Privés de nutriments, ils blanchissent puis dépérissent. La mort d’un bloc corallien met en danger une kyrielle d’espèces de poissons, de crustacés et de mollusques habituées à trouver leur nourriture au sein de cet environnement. Pour les biologistes signataires de la tribune de « Biological Conservation », le constat est sans appel : le réchauffement climatique entraîne une augmentation de la température des océans, ce qui incite les coraux à expulser leurs algues symbiotiques. Sur l’ensemble de la planète, les récifs coralliens blanchissent à une vitesse jamais observée auparavant.

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Les coraux doivent leurs couleurs à des algues symbiotiques.

L’urgence d’un plan de sauvegarde pour les coraux

Plus que jamais, les biologistes demandent aux gouvernants des mesures concrètes afin de préserver les massifs coralliens. La diminution des émissions de gaz à effet de serre apparaît certes incontournable, mais elle n’est pas suffisante. Les auteurs de l’article en appellent à la création d’un conservatoire international du corail. Le principe ? Demander aux aquariums publics du monde entier d’élever des coraux, qui pourraient ensuite être réintroduits en mer. Des programmes de fertilisation assistée peuvent être aussi être mis en place directement sur le terrain. C’est le cas en Australie, où un robot (le LarvalBot) a été programmé pour répandre des larves de corail sur les récifs.